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Ô temps, suspend ton vol...

Dernière mise à jour : 1 avr. 2020


Dans la mythologie grecque, le temps est personnifié par trois Dieux : Il y a Aion, le cercle autour de l’univers. Eternel recommencement des saisons, des rites, des marées et des lunes, de la respiration. Cyclique, il n’a ni projet, ni début ni fin. C’est le temps de l’éternité.

Il y a Chronos, dieu primordial du temps (à ne pas confondre ave Kronos, le père de Zeus). On le nomme aussi « père de toutes choses ». Viel homme, il est armé d’une faux, d’un sablier et d’une paie d’ailes noires…Il segmente les années en mois, les jours en heures, et ainsi définit ce qui est passé, présent, futur.

Il y a enfin Kaïros, premier fils de Zeus. Comme Hermès, il porte des ailes aux talons, il avance sans bruit, sur la pointe des pieds et tient à la main une balance qui repose en équilibre sur la lame d’un rasoir. Il est représenté comme un adolescent à la chevelure abondante sur le front et les tempes, mais à l’arrière du crâne chauve…. ce qui fait que l’on peut le saisir par les cheveux lorsqu’il se présente, mais qu’il il est impossible de le retenir une fois qu’il est passé. Il y a eu « avant » son passage et « après ». Ce dieu représente le temps « ressenti », presque métaphysique : le point de bascule, l’instant fugitif, le moment décisif, l’endroit du tout de suite, maintenant ; quand on marche sur le fil du rasoir… C’est le temps de l’occasion saisie et du changement.

Chacun d’entre nous a une représentation du temps. Ca peut être une sensation, une idée, une image. L’un est ponctuel, l’autre part à l’heure où il devrait arriver, l’un fait mille choses en même temps, ou une chose après l’autre, celui-là on court après le temps, celle-ci écoute les minutes s’égrener… Notre rapport au temps détermine beaucoup de nos actions, de nos relations, de notre rapport à la vie.

Notre conception du temps est personnelle, mais pas seulement : notre vision est souvent un héritage familial, social, national : chaque civilisation, chaque sagesse a sa conception du temps. Chez nous, il est le plus souvent admis que le présent est le résultat du passé, et que, comme le futur est la conséquence du présent, alors le passé détermine le futur. D’où le fait que les accompagnements psychologiques ressemblent souvent à des travaux d’archéologie : exhumer le passé pour le comprendre, puis s’en libérer de manière à pouvoir vivre le présent et bientôt pouvoir s’attaquer au futur. Et si l’on renversait le point de vue ?

Et si l’on tirait quelques conclusions du fait que notre expérience présente fait résonner le passé différemment ? Et si pour vraiment comprendre une difficulté, il fallait l’avoir dépassée ? Et si l’on concevait que le futur (ce que nous projetons, l’idée que nous nous faisons de tel rendez-vous tout à l’heure, ou de la journée de demain, ce que nous imaginons de l’année prochaine, de notre vie dans 5 ans) influence grandement le présent ? Et s’il était vraiment important de faire le ménage dans nos projections d’avenir pour vivre le présent plus sereinement, plus librement ? Vous avez déjà essayé ?

Les philosophes ont largement abordé la question du temps, les poètes aussi. Comme le rêve (sommeil paradoxal), l’hypnose (veille paradoxale) permet d’aborder le temps d’une façon ludique et révolutionnaire. Le conte aussi.

Notes : Relire Le Lac de Lamartine (ô temps, suspends ton vol !) ||Relire -ou découvrir- Marguerite Yourcenar et ses Mémoires d’Adrien || Aller faire un tour du côté de chez Jung, qui a écrit un essai intitulé Aïon ||Chez Deleuze le concept d’Aïon s’oppose à celui de Chronos|| Le je-ne-sais-quoi et le presque-rien, de Jankélévich est intéressant.|| cf. aussi l’œuvre de M.Eliade||

En hypnose, on pourra vous conseiller la ligne du temps de Jane Turner.

Dans le domaine du conte ? Ha ! De nombreux contes parlent du temps, soit spécifiquement, soit en filigrane. Chez les fées, le temps s’arrête, c’est bien connu… Vous en trouverez dans les contes soufis, vous en trouverez dans les méandres des 1001 Nuits, dans le Mahabharata évidemment , dans la légende de Merlin (voir Robert de Boron), etc.

Il y a la très belle et mystérieuse histoire africaine du vieillard et de l’enfant qui se rencontrent dans la foret et cheminent ensemble pour retrouver leur village, Il y a celle, irlandaise, de l’homme qui ne connaissait pas d’histoires, Il y a celle, indienne, de l’homme fatigué qui marcha 100 ans dans le ventre d’un enfant, Il y a celle chinoise, du singe qui marcha sur le doigt de Bouddha, Il y a celle, très courte de l’oiseau et de l’escargot : un escargot montait lentement le long d’un tronc de cerisier ; et comme on était en février, ou en mars, l’oiseau lui dit : mais ou vas-tu ? Ce n’est pas la saison ! Il n’y a aucune cerise, sur cet arbre ! -il y en aura, crois-moi, répondit l’escargot. Quand j’arriverais en haut, il y en aura !

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